Cette année, les anciens élèves de la Promotion 69 ont ou ont eu 69 ans, il fallait donc fêter cela, mais où ? Non seulement la question restait posée, mais elle a été posée à l’ensemble de ses anciens élèves qui ont demandé à leur équipe de G.O d’organiser ce rassemblement dans le 69. Quoi de plus naturel ? Notre mot d’ordre fut donc « 69 in 69 » tout en laissant les esprits grivois sourirent sous cape. Mais il fallait dans ce département, trouver un endroit qui puisse accueillir au moins 69 personnes et que tout puisse se faire au même endroit, comme dans les tragédies cornéliennes, unité de lieu, de temps et d’action. Mais bien naturellement, plutôt que la tragédie, nous avons opté pour la comédie. En septembre 2024, les G.O ont installé leur campement dans un gîte à proximité de Tarare pour rechercher l’endroit idoine entre les collines du Beaujolais et les monts du lyonnais. Nous avons visité campings et centre de vacances et avons jeté notre dévolu sur le Village Nature l’Orée du Bois à Saint Martin en Haut dans les Monts du lyonnais. Que personne ne confonde, même si c’est pour accueillir la P69, c’est bien un village nature et non pas un village naturiste ! Que des bâtiment en dur, constitués de petits appartements et de gîtes familiaux.
Et voilà, c’est comme cela que rendez-vous a été donné à la Promotion à partir du mardi 9 septembre pour notre journée phare du lendemain . Quatre vingt dix pour cent de nos camarades sont arrivés dans l’après-midi du mardi, certains avec un peu de difficulté, l’endroit étant un peu perdu au milieu de la campagne et des bois. Le bâtiment principal avec salle de restaurant, salles de réunion et immense terrasse nous a permis d’accueillir tout le monde pour un agréable rafraîchissement permettant à chacun de se remettre de son voyage avant d’attaquer l’apéro, une fois que tout le monde se soit installé dans son logement.
L’apéro des premières retrouvailles a quelque peu duré, ça se comprend, il y avait tellement à se raconter depuis 3 ans pour ceux qui étaient au dernier rassemblement, ou depuis beaucoup plus longtemps. Et plus particulièrement pour nos quatre camarades qui participaient à nos rassemblements pour la première fois, cela faisait donc cinquante trois ans que nous nous étions vus. Nous nous sommes tout de suite reconnus puisque nous n’avions pas changé ! Comme disait Mick Jagger, nous étions jeunes, beaux et stupides, aujourd’hui nous ne sommes que…..
Le lendemain, c’est le grand jour, la grande journée où nous allons retrouver les derniers arrivants. Ils nous rejoignent après le copieux petit déjeuner pour faire les quelques petits kilomètres qui nous séparent du village voisin au nom de Saint Symphorien sur Coise. Il faut être à l’heure car à 9H00, la Promotion 69 est reçue par la Mairie. Ses représentants nous présentent leur village autour d’un café d’accueil et d’une dégustation de pâté lyonnais. Nous y apprenons que cette commune, capitale des Monts du lyonnais et située à 600mètres d’altitude regroupe environ 4000 habitants. On les appelle les Pelauds, « les peleurs de peaux » en référence aux tanneries de la ville qui ont marqué son histoire locale. Mais l’industrie du cuir n’étant plus ce qu’elle fût, les tanneries ont fermé.

Aujourd’hui, Saint Symphorien est la capitale mondiale du saucisson abritant plusieurs salaisons et plus particulièrement celle de la marque Cochonou bien connue des amateurs d’apéros et du Tour de France. Les salaisons produisent 25% de la production française, si bien qu’à la Mairie avec le café du matin et le pâté lyonnais qui en fait est une pâtisserie, nous avons dégusté le saucisson même si nous n’avions, malgré nos 69 ans, pas encore besoin de nous appuyer sur notre bâton de berger ! Pas celui de Bridou, mais plutôt celui de Justin Verre ! C’est ça, la modération ! A l’issue de ce bon moment, la petite troupe de 69 s’est séparée en deux, un groupe est resté dans le village pour visiter avec une guide cette ravissante cité médiévale coiffée par sa magnifique collégiale. L’autre groupe a repris la voiture pour rejoindre la campagne au milieu de laquelle se situe le château de Saconnais.

Nous avons été reçu par le propriétaire qui nous a présenté et raconté l’histoire de ce château médiéval auquel sa famille est liée depuis le XVIIème siècle. Avec son épouse, ils nous ont fait découvrir les magnifiques décors intérieurs conservés du XVIIIème. Midi avait déjà sonné lorsque nous avons rejoint le village nature pour se restaurer après les commentaires des visites autour d’un bon apéro. Après les discours protocolaires du maître fondateur de nos rassemblements, Jacky Ferret et du chef des G.O, Jean-Claude Dessert, nous avons procédé à une remise officielle de décoration.

Le seul éducateur présent, Yves Desrentes accompagné de son épouse avait bravé la route depuis Bordeaux. C’est entouré de ses anciens élèves de la classe 5 que lui a été remise la casquette souvenir de ce rassemblement « 69 in 69 » .Nous avons profité du déjeuner pour offrir à tous nos camarades de promotion présents la dorénavant très célèbre casquette. Les 15 Heures s’approchaient et il a fallu que les groupes se reforment pour continuer les visites prévues qui se sont terminées par le magasin Cochonou et la chocolaterie artisanale de la place de la Mairie. La soirée a débuté par la photo de groupe pour glisser tranquillement mais sûrement vers l’apéro pris en terrasse. Notre Grand Organisateur a eu le temps de préparer la soupe champenoise avant de remercier la direction de l’établissement ainsi que le maître-queue et le pâtissier en chef avec des roses pour les dames et l’illustre casquette pour les hommes . Puis ce fut le bouquet, puisque une à une les roses en ont été tirées pour être offertes à chaque femme présente, ne serait-ce que pour les remercier de nous supporter et de nous avoir accompagné jusqu’ici.
Le dîner fut à la hauteur grâce au chef-cuistot, à l’accent de ses origines américaines dont le père était un ancien aviateur .

Entre la viande et le poisson nos camarades musiciens nous ont concocté avec leur saxo et clarinette un quizz musical, histoire de tester nos connaissances musicales, histoire de nous chauffer un peu avant d’attaquer la piste de danse grâce au D.J, histoire de digérer avant le dessert. Quand le bruit des baffles a cessé, il a laissé place au silence que chacun a pu écouter avant d’entendre au loin le son pointu de la cornemuse bretonne. C’est notre ami breton-rémois, Bernard Riouallon, qui en chassant l’air de ses poumons remplissait un sac pourvu de différents bâtons. Dans l’un, il soufflait, sur un autre, ses doigts habilement positionnés permettaient la mélodie et les autres, au doux nom de bourdons, laissaient sortir les sons si caractéristiques. L’interprétation de cette marche bretonne accompagna solennellement l’arrivée des gâteaux qui représentaient bien entendu la 69ème promotion.

Nous n’avons pas recherché de position particulière, les deux gâteaux étant l’un à côté de l’autre. Certains les regardaient à l’endroit, d’autres à l’envers, on ne se refait pas ! Certes nous étions déjà jeudi mais il faut croire que la journée fut fatigante et que nous avions accusé les 69 années passées, puisque peu de temps après le dessert, beaucoup ont rejoint leur couche. Bien entendu, vous avez compris, je veux parler de leur lit pour une bonne nuit réparatrice ! Le petit déjeuner fut pris avec appétit car la fête étant terminée, la route du retour allait être longue, voire très longue pour certains qui avaient fait plus de 800 kilomètres, voire même traversé des continents et des océans, puisque notre ami Saramone est venu de Nouvelle-Calédonie.
Mais à quand notre prochain rassemblement ? Je ne pourrais pas vous le dire, toutefois, sachez que je ne pense pas que nous fêterons nos 70 ans en Haute-Saône. Toutefois….j’ai crié 22 et les flics sont apparus, ensuite j’ai hurlé 33 et un toubib est venu, alors j’ai encore hurlé 69 mais personne ne s’est présenté ! Je ne crois plus en la magie des chiffres et pourtant je dis à qui veut m’entendre : « Vive la P69 ».
Pascal ALLARD P69