Mon parcours n’est peut-être pas aussi brillant que certains mais c’est le mien.
Je suis né à Clermont-Fd (63) le 15/06/1956 et donc Auvergnat de souche et fier de l’être.
Pour commencer si je suis arrivé à Saintes c’est pour 2 raisons. La première parce que je voulais absolument travailler sur avion et la deuxième pour soulager mes parents afin qu’ils puissent plus facilement payer des études à mon petit frère car les moyens financiers n’étaient pas au top à l’époque, mon père étant artisan plombier et avec ma mère ils ont élevé 7 enfants donc pas toujours facile.
Après renseignements, nous voilà partis au bureau Air information à Clermont-Fd qui nous informa qu’il existait un concours pour entrer à Saintes au sein de l’Armée de l’Air afin de faire mécano avion ou autre.
Si réussite, l’Armée de l’Air me prendrait en charge ce qui serait bien pour moi et mes parents.
Cela imposait par contre de partir de chez soi à 15 ans et demi et ne revenir que 4 fois par an à la maison ce que ne voulait pas ma mère bien sûr. Malgré cela j’ai passé le concours et donc le 10 janvier 1972, date anniversaire de mon petit frère (10 ans-comme quoi !) me voilà parti pour Saintes avec mon père.
Je me rappellerai toujours de ce jour car avec mon père, quand on partait quelque part, ce n’était pas sans biscuit et donc dans le train au bout d’un moment il déballa le casse-croûte auvergnat avec vin et eau. Il y avait un couple avec nous dans le compartiment qui fut étonné de voir tout ce que mon père sortait. Voyant cela il leur dit : « quand je pars je prévois toujours une prise d’otage au cas où et comme le gouvernement met au moins 5 jours à réagir il faut pouvoir manger et boire pendant ce temps ». Tout le monde se mit à rire mais c’est vrai qu’il y en avait…
Et nous voilà à la BA 722 avec vous tous pour ce premier jour de folie. Des au revoir, des pleurs, des rires et peut être des regrets parfois et puis, rien que nous, ces jeunes « poulets » lâchés dans la basse-cour encadrés par nos éducateurs qui nous paraissaient bien vieux parfois.
Deux années vont s’écouler où nous aurons appris ce qu’est l’amitié, la solidarité, le savoir vivre et la débrouillardise. Deux années où on nous aura inculqués, en plus des études, ce qu’est l’entraide, le devoir, l’honneur et l’esprit de groupe. Là-bas j’ai beaucoup appris…
Puis fin 1973 ce sera le départ en tant que caporal-chef pour Rochefort afin d’accomplir mon vœu de mécano avion.
En temps normal la formation était de 10 mois max mais avec le bol que j’avais, j’ai fait 12 mois grâce à certains d’entre nous qui ont chopé la rougeole et donc mise en quarantaine de 3 chambres pour 3 semaines.
Suite à cela redoublement de classe et comme il n’y avait pas assez de place partout je me suis retrouvé à sauter 2 promos (grâce à mes super notes) avec mon ami Henri Bunel et nous sommes tombés dans une promo de nénesses qui tournaient à 15 de moyenne générale au dernier cycle ce qui, vous pensez bien, n’était pas dans nos cordes avec nos 12,…Peut-être est-ce dû à nos sorties nocturnes pour certains ou notre manque de motivation avec ce millepattes qui nous enlevait tous nos moyens hein !!! Hum…
Nous finîmes avant dernier pour Henri et dernier de la promo pour moi.
Heureusement, dans cette promo la majorité était de l’Est et donc ils se sont battus pour ces bases ou les approchantes et il y avait un seul Aulnat (17km de chez moi). Arriver à Henri il restait Orange je crois et Aulnat.
Henri se tourna vers moi et me dit : « je ne suis ni de l’un ni de l’autre donc je te laisse Aulnat »
Je n’oublierai jamais cet instant de bonheur, en finissant dernier j’étais un des rares à avoir eu la base qu’il voulait grâce à mon ami Henri Bunel à qui je dis encore merci aujourd’hui.
Fin 1974, juste avant Noël, je débarquais à Aulnat, près de Clermont-Fd,
Dès notre arrivée avec 3 autres collègues d’une autre promo on nous annonça que la base était fermée pour les fêtes et que donc on pouvait retourner chez nous jusqu’au 2 janvier.
La première chose que je fis à Aulnat c’était de prendre 15 jours de perm cadeaux vu que nous n’y étions pour rien, ça commençait bien… !!!
Trois années durant, avec mon grade de sergent, j’accomplirai ma mission (et mes conneries) entre le hangar VP et la piste sur ce bon vieux Fouga-Magister, à l’époque fleuron de la PAF.
Je comptais bien rester longtemps sur cette base mais le destin en décida autrement et après avoir eu quelques « soucis » avec mon chef de piste je demandais ma mutation (un peu forcée) à Toul Rosières.
Imaginez !!! TOUL, je ne savais même pas où c’était (mais j’ai trouvé).
Je débarquais donc là-bas fin août 1977 et ce fût mes plus belles années (8 ans) dans l’Armée de l’Air.
Arrivé sur Jaguar au Germas 15/011 à l’atelier réacteur où régnait une ambiance de fou, Je fus vite dans le bain. Comme je connaissais le Fouga, de temps en temps j’allais donner un coup de main à l’escale.
J’ai eu également la surprise de retrouver une douzaine de P 69 sur cette base.
Je suis rapidement devenu le secrétaire de la section arpètes ainsi qu’un des conducteurs attitrés pour le transport de matériel aérien (moteurs) et munitions en poids lourds.
Cela m’a permis de connaître beaucoup d’autres personnes en France à tel point que je crois que j’avais un gîte un peu partout sur le territoire. Mon aptitude également au transport en commun me fit faire de belles ballades certains week-ends dont les sorties ski l’hiver pour les familles militaires que je trouvais fort sympathiques…
J’ai pu également faire 3 détachements OPEX en outre-mer (Sénégal-Dakar (2 fois) – Gabon-Libreville – Togo-Lomé (8 jours mission prestige). Comme les trois quart des militaires sur la base n’étaient pas de l’Est, cela resserrait les liens entre nous et une super convivialité en découlait à tel point que nous, les célibats, on ne mangeait pas souvent sur la base le soir car nous étions, du moins mes potes et moi, souvent invités chez les mariés.
Les heures sup le soir avec récup c’était pour les célibats et le we c’était pour les mariés. Ça marchait comme ça. Pendant ce temps, je suis passé sergent-chef, puis BS et chef d’équipe sur moteur ADOUR.
Ma carrière à Toul s’acheva au laboratoire d’analyse des huiles (la spectrométrie).
Je crois que c’est dans l’Est que j’ai fait le plus de « java » en tant que célibataire. Que ce soit à Nancy, Toul, Pont à Mousson, Metz, etc… ou en Allemagne où on allait au moins une fois par semaine avec un pote, les virées dans toute la France, bref la paye ne suffisait pas… (Le crédit agricole me l’a souvent fait remarquer)
Mais voilà, cupidon m’a frappé en 1984 (29 ans de célibats) et j’ai donc décidé de me rapprocher de ma belle à l’époque.
En septembre 1985 je fus muté à Avord au FAS sur Mirage IV.
Beaucoup m’avaient dit : « si tu rentres dans les FAS t’es pas prêt d’en sortir » ce qui était vrai à l’époque.
Sauf que je n’y suis resté qu’un an vu que notre escadron a été dissout et comme je m’occupais des 2 Fouga-Magister qu’il y avait aux FAS (en plus des Mirage IV) et que ces 2 appareils avaient été demandés par l’EFIPN (avant à Aulnat qui avait fermé) et qui venait d’arriver à Avord, je me retrouvais donc à traverser la base avec mes 2 Fouga pour aller m’installer à l’Escadron de Formation Initiale du Personnel Navigant.
Devinez à qui on a confié l’organisation de la fête de dissolution de l’escadron mirage IV…hi.hi. à moi !!
Je dis bien la « fête » pas la cérémonie militaire. Je n’ai pas lésiné sur les moyens (y’en avait) et ça a été féérique (repas pour 400 personnes avec traiteur, orchestre, maquette grandeur nature du mirage IV en polystyrène pointée par des lasers, gâteau de 2.50 m de long et 1.20 m de large montrant un mirage IV se posant sur la piste, etc…) tout cela avec les félicitations du Cdt d’Escadre.
Je me suis marié en août 1986.
Puis je continuais mon train-train à Avord avec mes 2 avions et un mousquetaire qui servaient à faire des liaisons aériennes et je reconnais que j’étais un peu le « roi ».
Après 6 mois de présence dans cet escadron de CAP 10, je me retrouvais adjoint au chef de piste. Cet escadron servait à sélectionner les élèves pilotes qui partaient ensuite à cognac (pour ceux qui réussissaient) afin de continuer leur formation de pilote. (Certains d’entre vous ont connu cela mais à Aulnat).
Je dois dire que ce fût une belle période avec de belles balades en CAP 10 quand il n’y avait pas de promo d’élèves.
Nous avions en gros une semaine par mois sans élève donc on en profitait pour entrainer les pilotes…
Passage au grade d’adjudant en 1987 (je crois), je devins chef de piste pendant 3 ans et demi avec détachement à Rochefort ou Nîmes l’hiver car à Avord ce n’était pas possible de voler cause météo. Ça aussi c’était génial, on bossait dur, parfois sans horaires fixes, mais il y avait des à-côtés que je n’oublierai jamais.
Puis après avoir eu un premier enfant né en 1987, un joli p’tit gars, mon épouse retomba enceinte d’une fille (à cause de moi je crois !!!) en 90 et comme un certain ras le bol se faisait sentir chez moi, je décidais de quitter l’Armée de l’Air après 18 ans et demi de service.
Grâce à la femme d’un pilote que je connaissais bien, qui était n°3 dans une grosse entreprise de levage-manutention, je me retrouvais chef d’atelier, en phase de reconversion, dans cette même entreprise. Mais après 4 mois de boulot, au milieu de toutes sortes de grues à tout remettre en ordre car il y avait un beau bordel, je finis par capituler à cause du grand patron qui voulait que tout avance mais sans investir un sou donc pas facile. Malgré son insistance à ce que je reste, j’ai fait mes valises pour élever ma fille qui est née le 24 décembre 1990 dans le Puy de Dôme.
C’est ainsi qu’au 1er janvier 1991 la retraite militaire officielle sonnait avec la S3 en poche mais seulement le grade d’adjudant et je suis resté 8 mois à m’occuper de ma fille, faire la popote et bosser dans mon garage car une de mes passions était la menuiserie donc j’ai pu ainsi confectionner pas mal de meubles et diverses choses en bois. C’était génial.
Puis au bout de 8 mois mon épouse me demanda de trouver du boulot car apparemment je commençais à devenir un peu « con » selon elle. En effet je bricolais de moins en moins, je m’énervais pour rien et je devenais une « feignasse » quoi. !!!
Comme à Avord j’avais aussi aidé à l’auto-école de temps en temps, je me suis dit que je pourrai bien me jeter là-dedans. Ce que je fis et donc fin 1991 me revoilà à l’école à 35 ans pour 6 mois afin d’obtenir le diplôme d’état de moniteur auto-école.
Je finis 2ème de la promo avec mon diplôme en poche devant beaucoup de jeunes qui riaient un peu de moi au début mais qui déchantèrent ensuite au vu des résultats.
Deux mois après je passais la mention groupe lourd (j’étais né pour ça !!!) et pendant 10 ans j’ai fait formateur de conducteurs poids lourd, super lourd et transport en commun dans le Puy de Dôme puis dans l’Allier.
En avril 1993 naissance de mon 3ème enfant, un autre p’tit gars.
J’ai connu de super moments dans ce métier mais aussi de belles frayeurs. Il fallait, en dehors de l’expérience, beaucoup de psychologie, de patience, de tolérance mais aussi de la fermeté parfois.
Les élèves allaient de 20 ans à 55 ans et étaient de tous bords avec chacun son caractère et j’en avais 4 à la fois dans le camion pour la journée et pendant 3 ou 4 semaines à chaque fois. Il a fallu gérer, en plus du boulot normal, des conflits entre certains, des gens qui s’en foutaient, d’autres qui essayaient mais qui n’y arrivaient pas etc…, bref je ne sais pas si c’est à cause de mon physique ou de ma notoriété ou les deux peut-être, mais je parvenais toujours à les amener au permis avec beaucoup de succès malgré tout.
C’est dans cette partie de vie aussi que j’ai pu constater que l’esprit de convivialité, solidarité, entraide n’était pas au rendez-vous et que c’était chacun pour soi. On peut dire ce qu’on veut mais dans le civil ils n’ont pas notre culture et certains pourtant feraient bien de s’en imprégner.
Comme j’avais passé le concours des emplois réservés avant de quitter l’Armée de l’Air et bien devinez… 10 ans après je reçois un document de l’Armée de l’Air m’informant que j’étais embauché à la DDE de l’Allier, où je venais d’emménager avec ma famille.
Vu que je venais d’arriver dans ce département je m’étais retrouvé en CDD dans une auto-école et donc j’informais mon patron de cela et lui demandais de bien vouloir me faire un CDI afin que je reste dans ce métier qui me plaisait beaucoup. Mais soi-disant qu’il n’y avait pas assez de boulot pour deux en poids lourd alors il me conseilla d’accepter l’offre de l’Armée de l’Air en s’appuyant sur le fait qu’être fonctionnaire était toujours mieux que moniteur auto-école où l’avenir n’était pas certain.
Je finis donc par accepter l’offre du concours, un peu à contre cœur, mais bon il fallait bien bosser.
(Petite précision, je tournais à 90% de réussite à l’année au permis groupe lourds dixit mon patron)
Septembre 2001, me voilà donc dans le bureau du directeur de la DDE à Yzeure (03) qui me dit gentiment que ce qui était prévu initialement pour moi, c’est-à-dire instructeur des permis de construire, avait changé et qu’il avait besoin d’un comptable en urgence au service grands travaux et de ce fait il me nommait sur ce poste.
Je l’informais que je n’avais jamais fait de comptabilité et là, croyez moi, j’en suis resté sur le cul, il rajouta : « vous êtes un ancien de l’Armée de l’Air alors vous saurez vous démerdez »
C’est ainsi qu’à 45 ans je repartais de nouveau sur les bancs d’école pour me former en comptabilité public.
Quand on est Arpète on s’adapte à tout et donc je fis ce métier de comptable pendant 10 ans aussi.
Après avoir fait différents services, parrainage des nouveaux, formateur en comptabilité, divorcer entre temps, muté à Clermont-Fd en 2007, j’avais fait le tour de la question et je demandais un changement de poste.
J’ai donc obtenu un poste d’instructeur des transports exceptionnels qui consistait à gérer les transports exceptionnels qui arrivaient, traversaient ou partaient de notre département du Puy de Dôme.
Me revoilà dans les poids lourds mais pas pour la même chose.
Ce travail m’a permis de connaître non seulement toutes les routes de mon départements par cœur et une bonne partie du territoire français ainsi que les différents ponts et tunnels mais aussi de côtoyer différentes entreprises de transport de toute la France et certaines de l’Europe.
J’ai rencontré des personnes extrêmement intéressantes mais aussi des cons, ça on ne peut y échapper… !!!
Ce métier était prenant et je l’ai fait pendant 5 ans puis la soixantaine arrivant je me suis renseigné sur la possibilité de partir en retraite, non pas pour trouver un autre boulot, non non, mais seulement pour rentrer chez moi et rien « branler »
Après avoir eu confirmation j’ai pris ma retraite définitive le 1er novembre 2016.
Pendant tout ce temps passé à la DDE (15 ans) je me suis intéressé à l’association sportive culturelle d’entraide de l’Équipement qui fait du social envers les agents, genre un comité d’entreprise mais chez les fonctionnaires cela n’existe pas donc c’est une association et il y en a une par département plus une fédération nationale.
Je me suis donc investi dans ce domaine et y ai tenu des postes de vice-président, puis président du Puy de Dôme, président de la région Auvergne et pour finir, encore aujourd’hui, à la fédération nationale des ASCEE.
Nous sommes 36 500 adhérents, 116 associations départementales y compris Dom Tom et 16 régions.
Nous organisons beaucoup de manifestations nationales diverses (sport-culture et entraide) et aidons, entre autre, des familles de notre ministère pas trop argentées à partir en vacance tous frais payés.
Cela m’a beaucoup occupé et j’ai souvent fait des heures supplémentaires (bénévoles) pour cela mais maintenant que je suis à la calée, ça me permet de me rendre utile et de ne pas m’ennuyer. J’ai une réunion tous les 1 mois et demi à Paris ou parfois ailleurs selon le sujet et bien sûr je fais partie de l’association des Landes (40) où je suis actuellement.
Mon autre passion étant la pétanque, j’ai été 17 ans président d’un club et 3 ans président du secteur de Riom (63) où je gérais 27 clubs concernant les championnats de France. Maintenant j’ai laissé les rênes et je suis simple joueur.
Nos rassemblements de promo P 69 m’occupent bien également et je fais tout cela avec grand plaisir.
Je ne regrette en rien ce parcours et aujourd’hui je me dis que j’ai bien mérité ma retraite après 44 années de cotisation. N’est-ce-pas !!!
Maintenant que mes enfants n’ont plus besoin du « vieux », je me suis installé dans les Landes à Pouydesseaux (40120) et si vous passez dans le coin n’hésitez pas à vous arrêter, vous serez les bienvenus.
Avec toutes ces années, force est de constater que les arpètes sont uniques, s’adaptent à tout et génèrent un grand sens de l’amitié et de la vie.
J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir été aussi long en espérant que vous serez arrivé au bout.
Les GO me disent toujours que je parle trop…et trop fort !!!
Amitiés sincères.
PS : Mon petit frère en question au début de ce texte est celui qui est devenu pilote sur Transall et qui a volé avec notre ami Thierry Leclere dans l’Armée de l’Air et dans le civil. (Voir le parcours de Thierry).
Aujourd’hui, commandant de bord, il est toujours chez HOP (Air France) à Lyon St Exupéry.
Je l’adore.
Arpètement vôtre.