Arpètes de la P69

P69 un jour, P69 toujours

Parcours de Yves CHAUMANDE (cl 7)

Tout a commencé lors de la diffusion du feuilleton télévisé «les hommes volants». Agé de 5 ou 6 ans, j’annonce à mes parents que je voulais être «parachuteur», pas celui qui tombe de l’avion mais celui qui reste dans l’avion. Vers l’âge de 9 ans, j’entendis la voix de Gérard Philippe qui racontait la mythique histoire du Petit Prince, je fus tellement transporté dans ce voyage que mon envie d’être pilote n’en était que renforcée.

En 1971, je rencontre au Collège un recruteur de l’Armée de l’Air qui a su me convaincre après m’avoir présenté avec une forte prédominance l’enseignement technique, les disciplines formatrices en matière de mécanicien de l’EETAA de SAINTES, et la possibilité de passer le concours de Pilote à l’issue de ces deux années d’études dans cette école. Je décide donc de passer ce concours que je réussis la seconde fois. J’arrive à PABAN le 10 janvier 1972.

Le 10 janvier, un lundi je me retrouve seul, réservé, timide (pour ceux qui me connaissent), parmi 9 autres (inconnus pour quelques instants) dans une chambre. Ils se reconnaîtront puisque ce sont eux aussi qui me feront perdre mon accent gascon quelques mois plus tard… et ensemble nous intégrons la Classe 7 et notre chère P69.

A cet instant, je repense à tous ces bons souvenirs notamment la coupe incorpo qui m’a valu le surnom de «l’œuf», les sorties du week-end à St-Palais-sur-Mer avec le Père Juju, le vol à voile, les batailles de petits-suisses au réfectoire, les défilés où je n’arrivais pas à marcher au pas mais aussi certaines chroniques moins drôles comme les corvées du week-end et surtout le chant des Arpètes, comme nous ne l’avions pas appris… c’est finalement terminé par une marche de nuit, et aussi à un envol de pièces à la seule classe méritante.

Je n’oublie pas les éducateurs qui nous ont enseignés les valeurs du travail, une culture d’épanouissement et de valeur morale puisque grâce à eux et, lorsque je lis nos parcours, ils nous ont permis d’être reconnus comme des éléments de valeurs dans nos carrières.

Mes années militaires entre 1974 et 1985

1974 : court passage à Joinville jusqu’en mai. Je suis élève pilote sur Cap10 à l’EFIPN d’AULNAT, puis, à l’école de pilotage de Cognac sur Fouga.

1975 : j’intègre l’école de transport d’AVORD sur MD312 et  «macaronnage» début 1976 et enfin pilote.

Avril 1975 à septembre 1980 : ET2/61 Franche Comté à Orléans sur C160 Transall où j’ai été parachuteur. J’ai survolé près de deux ans l’Afrique.

Cette expérience a été la plus excitante et émouvante avec le survol du désert en base altitude mais aussi de belles rencontres avec la population africaine ; leurs dictons et leur manière d’aborder la vie quotidienne en fonction de leurs traditions orales et culturelles. Leur histoire renvoie toujours aux réalités de la vie.

Voici une des histoires que je n’oublierais jamais celle de ces enfants tchadiens vivant au milieu des dunes à MOUSSORO qui, lorsque le régiment en place à l’époque allait vider les poubelles, sortaient de nulle part pour récupérer leur contenu… un d’entre eux découvre une orange pourrie, un miracle pour son repas, son regard émerveillé que l’on peut comparer à un enfant devant ses cadeaux de Noël m’a particulièrement touché.

Je me rappelle aussi les couchages très variés qui allaient des couchages de fortune sur des lits picot avec des sacs à matelas en compagnie d’énormes cafards, après plus de 24 heures sans sommeil et des heures de vols lors des opérations … à un hôtel cinq étoiles aux Seychelles en rentrant de la Réunion.

Septembre 1980 à septembre 1983 : Moniteur Transport à AVORD toujours sur MD312. Première expérience de transmission de mon savoir de pilote, exercice difficile mais quelle fierté de voir son élève recevoir son macaron à l’issue du stage. Parmi mes élèves, j’ai croisé Thierry LECLERE.

Septembre 1983 à juillet 1985 : Moniteur à AULNAT à l’Escadron Gévaudan de sélection des pilotes sur Cap 10. Autre mission de Moniteur où l’objectif à atteindre est de sélectionner entre 30 et 40 élèves sur 70 par promotion (ni un de plus ni un de moins).

Aout 1985 à octobre 1986 : Moniteur pendant un an puis à la liaison à Salon de Provence sur Fouga. Je commence à rencontrer des problèmes médicaux : D’abord six mois d’inaptitude temporaire puis reprise trois mois où j’ai piloté une dernière fois le Transall avec le Franche Comté. Je retrouve  un Commandant de Bord qui était un de mes élèves à AVORD, pour effectuer une mission de largage et d’entrainement de l’équipe PHOENIX.

Suite à une deuxième inaptitude, je décide de démissionner.

Ma vie d’après

Retour à Clermont-Ferrand, j’effectue un stage de reconversion au service informatique de MSD CHIBRET ; je découvre la vie civile et ses déboires… Je dirais «que les promesses que prennent certaines personnes n’engagent que ceux qui les croient».

1987 à 1995 : Je rentre dans une Société d’alarmes. Je vends des systèmes auprès des particuliers puis dans l’Industrie et les Administrations (Je rencontre professionnellement Marie-Do en 1991. Une évolution remarquable en tout bien tout honneur finira par une union en 2000).

1995 à 2010 : lors d’une visite d’un salon de la sécurité à PARIS, je rencontre un ancien Moniteur d’Aulnat qui travaille dans le bancaire. Grâce à lui j’intègre sa société et j’occupe un poste de responsable d’agence pour développer la sécurité bancaire sur l’Auvergne.

En 2010, Marie-Do obtient une mutation au Conseil Départemental de la Charente-Maritime. Je négocie une rupture conventionnelle et nous voilà atterris du côté de La Rochelle.

2010 à 2013 : Salarié de la plus grande entreprise française « Pôle Emploi ».

2013 : je reprends une activité comme Ingénieur Commercial dans la vente de matériel d’appel malade et système incendie.

Le 31 mars 2016 : la retraite.

En conclusion, grâce à vous et pour vous préparer cette prose je me suis replongé dans ma jeune vie avec vous,  dans mes carnets de vol, mes cahiers, mes notations et appréciations… tout cela avec joie et bonheur. Je me suis aperçu que les valeurs que nous avions reçu nous ont permis à tous de pouvoir rebondir dans la vie. Je suis fier d’être Arpète et surtout P69.

Un grand Merci à Jacky et aux GO, de maintenir ses liens d’amitiés et de fraternité qui nous unissent et nous réunissent pour le bonheur de se retrouver ensemble.