TRAJECTOIRE D'UN AVIATEUR
Enfant de troupe dès l’âge de sept ans à l’orphelinat des pupilles de la nation de l’école militaire enfantine Hériot près de Rambouillet dans les Yvelines. Je suis passé ensuite naturellement par le collège militaire d’Autun avant de rejoindre les Arpètes de Saintes.
Enfant je rêvais déjà de conquête spatiale et d’aviation. Je suivais passionnément les sorties d’astronautes dans l’espace, je collectionnais le moindre journal ou revues, pourvu qu’ils représentent un avion moderne ou ancien, un départ de fusée, la photographie d’un astronaute Américain ou Russe. Le paroxysme de mon enthousiasme fut atteint évidemment la nuit du 21 juillet 1969 où Neil ARMSTRONG posa son pied le premier sur la lune.
Aussi en seconde C à Autun où pour toute perspective d’avenir je devais m’orienter si j’en avais la capacité, comme de bien entendu, vers les corniches qui sont les prépas de ST Cyriens, voie royale de l’école, ou bien médecine militaire ou encore maistrance. Tout cela ne me passionnais guère d’autant qu’après une ancienneté déjà considérable sous l’uniforme, j’étais devenu à l’adolescence boutonneuse quasi anti militariste. Aussi lorsque j’appris que je pouvais rejoindre l’Armée de l’air et être autonome financièrement en seulement trois ans, je sautais sur l’occasion .
Bien m’en a pris, à peine arrivé à Saintes, nous étions accueillis par un honorable T6 et un Fennec planté devant le bâtiment de la promotion, nous pouvions le toucher et même monter à bord .
J’ai loupé le coche qui nous était offert des secondes C, qui comme mes camarades CHAUMANDE, LECLERE, LEUBA et les autres dont j’ai oublié les noms aurait pu m’offrir le tremplin tant convoité des navigants.
Faute de grives restent les merles alors j’optais pour la spécialité de cellule hydraulique, qui avec celle des motoristes, permettent le moment venu de passer le concours des mécanos nav.
Après Rochefort me voilà affecté comme pistard à Orange dans les F A S sur Mirage 4, ce choix qui s’avérera judicieux n’était dicté à l’origine que par la proximité d’un village cévenol où j’avais quelques cousins et surtout des petites amies.
Dans cet escadron nous recevions les MIRAGES 3B du CIFAS de Bordeaux pour l’entrainement des pilotes, et nous avions la possibilité de voler sur cet appareil de temps en temps pour des missions de 30 à 40 minutes. Je passe les détails des impressions du premier vol, accélération du décollage, montée en chandelle, virage serré à 6G, vol dos, vol en patrouille (tient ça rime avec trouille). Les premières années j’ai bénéficié de 7 vols, récompense suprême jusqu’à ce que notre ami C CABEZAS (P69) ne s’éjecte sans dommage de l’un de ces jets ce qui a mis fin définitivement à cet avantage. Heureusement je m’étais porté volontaire avec un autre camarade qui n’avait pas l’aptitude siège éjectable pour assurer la maintenance des deux T33 américains hors d’âge qui servaient de liaisons à l’escadron jusqu’à leur mise à la réforme en 1980. J’ai donc pu voler régulièrement avec ce vénérable appareil.
Septembre 1981 quelques mois après le B S j’ai été muté toujours dans les F A S à Istres en piste C135 F (salut Yves Cantard, autre éminent P69 que j’ai retrouvé à ce moment là).
Nouvelle révélation, tous les mécanos de piste possédaient un carnet de vol et tous volaient régulièrement, ravitaillement en vol de jour comme de nuit (spectacle magique), convoyage de Jaguars vers l’Afrique, détachement au Gabon et à Dakar, voyage aux États-Unis, en Corée du sud via Djibouti, la Réunion …
Puis le début de l’opération MANTA au Tchad en août 1983 juste avant de retourner à Rochefort pour la troisième fois pour débuter la formation de mécanicien navigant dont j’avais obtenu le concours quelques mois auparavant. À cette époque les 2/3 des navigants étaient des arpètes, il fallait avoir moins de 28 ans pour présenter le concours, être accroché sergent-chef, avoir un nombre minimal dans la notation annuelle c’est à dire pas trop de grosses casseroles et bien entendu l’aptitude médicale. Aussi nous autres arpètes étions un peu avantagés par rapport à l’age vis à vis de nos amis nénés.
J’ai choisi le TRANSALL C160 nouvelle génération d’EVREUX (ravitailleur ravitaillé). BINGO… pas de routine dans le transport aérien militaire, toutes les missions sont géniales, à commencer par le ravitaillement en vol , le parachutisme, le largage de matériel, le vol à basse altitude et les terrains sommaires de l’Afrique, les détachements et une foule de missions à travers le monde toujours diverses et variées. C’était pour moi la vie que j’avais rêvée.
Dans cette ambiance j’ai passé rapidement toutes les étapes qui mènent au monitorat chez les P N, et là j’ai eu très peur d’être affecté à l’académie du transport, le C I E T de Toulouse.
Heureusement j’avais postulé entre temps pour le mythique GAM 56 (les initiés savent de quoi il s’agit), unité tout à fait singulière et originale. J’ai été coopté aussitôt et j’ai adhéré pleinement à ses missions. Il fallait être opérationnel sur au moins deux types de machines simultanément. Pour ma part j’ai fait évidemment du TRANSALL, mais aussi du HERCULE C130, des hélicos Puma et Cougar, du Twin-Otter et quelques autres avions.
Avec ces appareils j’ai eu la chance de parcourir pendant plus de vingt ans le monde entier. Surtout l’Afrique, dont je me suis passionné pour ses populations et son histoire. Notamment l’Afrique Subsaharienne. J’ai fait beaucoup de rencontres enrichissantes, je conserve ici et là de nombreux souvenirs et anecdotes exotiques dont j’ai l’ambition
toujours repoussée à plus tard de coucher sur papier ces extravagantes péripéties. La vie en équipage si elle est parfois contraignante est récompensée par de solides amitiés et une solidarité sans faille consolidée malheureusement par quelques drames…….
Mais tout a une fin, après un peu plus de 12 500 HEURES de vol, le jour de mes 47 ans j’ai dû prendre la retraite des navigants (47 ans âge limite pour le personnel navigant). Un crève cœur…
Je n’avais rien préparé pour ma reconversion, avec comme bagage, un enfant de 2 ans et sa jeune maman.
Alors avec ma petite famille nous nous sommes retirés à BATZ SUR MER dans la presqu’ile Guérandaise. Le pays d’origine de ma femme, où sa famille, paludiers depuis le XVI ème siècle (avéré), tire depuis 12 générations l’or blanc de la côte d’amour. J’ai retrouvé dans notre bourg notre ami ALAIN GUILLOU que j’ai reconnu immédiatement bien qu’il se dissimule derrière une énorme moustache de sapeur.
J’ai évidemment cherché à travailler, pas facile de trouver quelque chose dans mon C V qui puisse être en corrélation avec le monde du travail. Mes qualités naguère dont j’étais si fier : Major de l’Armée de l’air, titulaire de toutes sortes de diplômes exotiques comme largueur petit colis, autorisations de tractages d’aéronefs et pas d’avantage mes
décorations qui si je les porte toutes me font ressembler au Général Mexicain SANTA ANNA dans FORT ALAMO (les cinéphiles comprendront).
Donc pas grand chose à exploiter de ce côté là. J’ai tout de même atterri naturellement dans le secteur de la qualité chez AIRBUS aux usines de St Nazaire et de Nantes. PETITE consolation, je peux toucher des bouts de futurs avions A320, A330, A380 et même l’A400M… C’est un travail un peu sympa qui survole beaucoup de problèmes industriels
mais qui n’empêchent pas de s’y emmerder beaucoup.
Heureusement il y a le sel de la belle famille. J’ai trouvé là une activité qui me contente. Le métier de paludier est très physique et demande beaucoup de finesse et de sens de l’observation. Les marais salants sont par nature sauvages, la faune y est abondante, chaque saison apporte son lot de migrateurs. L’été les prises de gros sel et de sel fin se font forcément en pleine chaleur (ah l’Afrique). Au printemps pour préparer les marais il faut retirer des tonnes de vase qui se sont déposées au fond des œillets et des fars, mais aussi retirer inlassablement le limu une algue invasive qui prolifère sur la surface des adernes et des cobiers.
A coup sûr je ne deviendrai pas un grand paludier, un peu plus tard pour apprendre toutes les finesses de cet art, j’essaie tout de même !!!!
Voilà ce qu’il en est actuellement, plus de 40 ans après être passé sous l’ombre de Rosalie ( TIENS TIENS BIZARRE BIZARRE)
VIVE LA P69
QUE LE CUL VOUS PÈLE
BERNARD FOURCADIER
PS : bien sûr Bernard est en retraite depuis un petit moment, mais ce parcours a été retracé il y a quelques années déjà ; à la demande de Bernard j’avais retiré le parcours du site car il avait des ennuis avec son boulot de l’époque .
EN TOUT CAS : fabuleux parcours que le tien et merci de m’avoir fait voyager . BONNE RETRAITE AMIGO. JACKY
Pour finir : coïncidence troublante avec la sortie du livre de SERGE !!!!!!!