Arpètes de la P69

P69 un jour, P69 toujours

Parcours de Jean-François DUBOIS cl9

Parcours Arpète banal ???? NIA T58552X

À mon AMI éducateur YVAN JARDEL

C’est un 10 Janvier 1972 que je débarque avec Maman devant ce monument l’ EETAA de Saintes, découverte de cette Saintonge avec brouillard, corbeaux volants sur le dos pour ne pas voir la misère : nous avons eu le temps de voir tout ça depuis nos fenêtres de classe.

J’étais, enfin, devant le lieu où j’allais assouvir mon rêve : devenir PILOTE DE CHASSE. Et oui, je ne suis pas rentré à Saintes pour être mécanicien, mais pour être pilote. Rêve de ma prime jeunesse.

Petit retour en arrière, au collège en troisième, classe de 16 élèves composée de 10 filles et 6 garçons, autrement dit les jeudis après-midi étaient plus occupés à faire des boums qu’à réviser. Et oui, à cette époque on savait vivre, mais sainement. Bilan des courses, si j’ai eu mon BEPC,  la suite a été plus compliquée surtout quand Maman a annoncé au professeur principal mes ambitions. Le couperet tombe : redoublement.

À cette époque, mon frère faisait des courses de vélo avec un copain dont le frère était arpète,  SEGUIN P63  et, grâce à lui, j’ai donc appris qu’en passant par Saintes, à l’époque, et je dis bien à l’époque (car j’ ignore si c’est toujours d’actualité) on pouvait, si on sortait dans les premiers de la promotion, être admis sur titre pour devenir pilote. Calcul rapide dans ma petite tête de libellule, redoublement de la troisième, seconde, première, terminale, soit 4 ans pour ensuite intégrer une école pour se former au métier de pilote.

Ainsi, en passant par l’école de  Saintes, je gagnais 2 ans pour pouvoir être formé à devenir pilote. Le choix devenait évident. À l’époque, je n’étais  pas féru de rugby mais j’ai tenté un premier drop gagnant.

Et c’est ainsi que l’aventure commença avec une mère en larme quand elle m’a revue avec le crane rasé, vêtu d’un treillis 2 fois trop grand que j’ai gardé près de 40 ans pour jardiner…

Bon, j’étais au pied du mur pour assouvir ma passion. Et ensuite, ce fut 2 années de galères où je n’ai pas vu le jour pour bosser et pour sortir dans les premiers, conscient que sur le plan intellectuel, il y avait beaucoup de boulot pour pallier mes lacunes. Bien aidé par Yvan, notre éducateur, ce dont je l’en remercie même s’il ne m’a pas toujours fait de cadeaux : mais  je suis arrivé à mes fins.

Admis sur titre pour être pilote, nous n’avions à passer que des tests psychotechniques, visite médicale et épreuves sportives.

L’aventure était lancée : Clermont-Ferrand, école de sélection. Cette formation a été une formalité pour moi car j’avais déjà mon brevet de pilote que maman m’avait fait passer pour augmenter mes chances de réussite. Brevet de pilote civil que j’ai passé pendant que j’étais à Saintes.

En effet quand il faisait beau, je faisais le mur,  le dimanche en stop Saintes – Saint-Emilion, je prenais mes leçons de pilotage à l’aéro-club de Libourne et, après chaque leçon, je rentrais en stop pour regagner la chambrée de l’école de Saintes. Une fois,  j’ai tenté de partir tout un  week-end en simulant ma présence par un traversin dans  le lit  : dommage l’éducateur de ce jour n’a pas été dupe, et cela m’a valu 2 jours de retenue de vacances pour Noël. Mais qui était cet éducateur ???? Non ce n’était pas Yvan.

Ensuite, j’ai continué ma formation de pilote à  Cognac sur Fouga Magister avec ce brave Chaumande avec qui j’ai des souvenirs, en école de début, mémorables.

Ensuite, j’ai poursuivi une carrière classique en école Tours, Cognac, Cazaux pour être  enfin affecté en 1978 à la base aérienne de Toul-Rosières sur Jaguar.

Unité prestigieuse qui était la seule à évoluer sur des théâtres opérationnels : Mauritanie pour la défense du train de charbon contre le Polisario, le Tchad contre la Lybie depuis N’Djamena et Bangui en Centrafrique sous Bokassa, …

1990 mutation sur Mirage IV à L’ERI, reconnaissance stratégique, superbes missions de recherches de bateaux russes un peu partout en Atlantique, Méditerranée, …, et, enfin, 1993, passage à la vie civile pour rentrer dans la viticulture à Saint-Emilion.

Maintenant, je suis à la retraite à Bastennes, petit village de Chalosse, dans les Landes au milieu de chevaux sans aucun stress, mais retraite quand même rythmée, juste au-dessus de ma tête, par les entraînements des collègues de la Base Aérienne de Mont-de-Marsan. Tout cela me rappelle bien des souvenirs !

Pour conclure,  il ne faut pas oublier pilotes et mécanos, que  nos femmes,  pendant que nous étions  « en guerre » au soleil et souvent au bord de la piscine, assumaient la tenue et l’entretien de la maison, la gestion familiale, leur travail professionnel, les gamins, les déménagements et emménagements, les recherches d’emploi, …, et ce,  avec les aléas climatiques hivernaux comme ceux de la région de Toul-Rosières. Alors un grand merci à nos compagnes pour nous avoir permis d’assouvir notre passion sans nous soucier du quotidien !