Saintes, Saintes deux minutes d’arrêt !
En ce 10 janvier 1972, mon arrivée en gare de Saintes, était le départ d’une belle aventure. Un nouveau monde pour moi, cette noria de bus verts, nouveaux copains, chambrée, classe mess, coiffeur, paquetage, déplacements au pas, la découverte d’un nouvel environnement. Petit pincement au cœur pour avoir quitté le cocon familial, et la crainte de ne pas pouvoir y arriver, mais en même temps l’excitation de rentrer dans ce monde de l’aviation, accentué à la vue de vrais avions autour des bâtiments, les uniformes, la rigueur, les responsabilités(même si elles étaient minimes), la découverte d’un milieu bien différent . J’ai tout de suite aimé cela.
Ces deux années sur Paban m’ont apporté tant de choses, que de souvenirs! Week-end TABDT, bagarre de polochons, marche nocturne pour apprendre notre chant de promo, les nuits de garde , les manœuvres, les cartes de motif et autres MARS et NUTS au foyer, faire le mur etc, etc, etc…
Après ces deux années de « brillantes études » (j’étais en radada au point de vue moyenne), mais grâce à des coups de pieds au cul (grand merci à Jardel, Kurtzmann, Desrentes et autres) j’ai réussi à obtenir la formation de mécanicien cellule hydraulique à Rochefort. Enfin je pouvais apprendre ce beau métier, et avec facilité et bonheur.
Décembre 1974,
Arrivée sur ma nouvelle base de Cognac, et là, découverte de ce vrai monde de l’aviation, du travail sur avion, au gré des révisions, des dépannages, de ramassage de morceaux d’avions et autres (dure réalité), d’heures de vol (un vrai bonheur), en compagnie de Philippe Malard, Jean-François Geay, Jean-Maurice Jubert.
Mars 1981,
Creil pour un stage de formation sur Mirage III C. Découverte d’un autre milieu, d’une autre belle machine.
Mai 1981,
Escadron Vexin 3/10 à Djibouti. Le pied posé pour la première fois en Afrique. Pays, climat , travail rudes et nature oh combien sauvage et belle ! Réussite du concours mécanicien navigant.
Décembre 1982,
Retour à Cognac au 4ème Escadron.
Mai 1983,
Le stage BS, puis en Septembre retour à Rochefort pour le début de la formation Mécanicien Equipage (fini de rigoler!) Là, je me retrouve en compagnie de notre ami Bernard Fourcadier au tout début d’une fort belle aventure, d’un monde bien différent, où il va falloir apprendre beaucoup de choses!
Mai 1984,
Nous sommes affectés en compagnie de Foufou sur la base d’Evreux, au sein de l’Escadron 1/64 Béarn, sur de belles machines neuves Transall NG. Missions très variées qui vont des innombrables séances de largage para, largages spéciaux, transport de toute sorte d’animaux, de la Papa mobile, de ravitaillement en vol(le pied), navigation basse altitude et autres.
Mars 1987,
Je suis affecté à Tontouta, à l’ETOM52. Mise en place des Transall en Nouvelle Calédonie.
Cette fois-ci, découverte d’une grande partie du Pacifique sud, Polynésie Française, Tonga, Fidji, Nauru, Nouvelle Zélande, Australie. Deux ans trop courts bien sûr, dans une région du monde où il fait bon vivre, attachante, juste entachés par « l’affaire d’Ouvéa », bien triste période, mais qui ne m’empêchera pas d’y revenir, au contraire.
Mars 1989,
Retour à Evreux dans l’Unité de la Chouette, au GAM 56. Encore un autre milieu, où il faut apprendre une autre face de mon beau métier. C’est ici que je vais apprendre à travailler sur Puma et Super Puma, et voler sur d’autres types de machines, avec des gens d’autres Armes tout aussi professionnels et motivés que nous. Quatre années intenses, riches, vécues en compagnie de nos amis Bernard Fourcadier et Philippe Malard, sans doute les plus riches de ma vie aéronautique et humaine.
Mars 1993,
Nouvelle affectation à l’ETOM 52, ( je n’avais pas bien compris la première fois), armé de deux qualifications. Je retrouve avec bonheur notre regretté ami Jean-Paul LEUBA qui sera mon chef pendant un an. Petite anecdote, deux mois après mon arrivée, nous repartons sur Paris pour passer l’oral du concours Major. Problème pour Jean-Paul, il n’a pas sa grande tenue. Qu’à cela ne tienne, nous partagerons ma tenue (veste et casquette). Je suis moins corpulent que lui, vous imaginez le tableau, nous avons un peu étiré tout cela, et en version lisse, nous avons pu présenter l’oral.
L’année d’après, nous avons le plaisir d’accueillir notre ami Philippe Malard, avec qui je vais passer les deux années suivantes.
Un grand merci Philippe pour la mémorable journée que tu as organisée à l’occasion de mon dernier vol à l’ETOM 52, ça me fait chaud au cœur.
Juin 1996,
Retour une nouvelle fois à Evreux, à l’ASTARTE, une autre facette de notre métier.
Je vais passer les sept derniers mois de ma carrière militaire en compagnie de notre ami Thierry LECLÈRE, ce fut très agréable. Là aussi une unité très attachante. Dernier vol en Transall, pour accompagner la Patrouille de France pendant une semaine. Il y a pire !
Pot de départ mémorable (merci Thierry), Gros bisou sur le radôme du Transall, et c’est le cœur très gros que je pars sans me retourner, c’est bel et et bien fini.
Janvier 1997,
De retour sur le « caillou », deux ans de divers métiers, (ça n’est pas le travail qui manque), mais c’est un peu fade, et la vie aéronautique me manque. Un jour je réponds à une annonce concernant le remplacement d’un mécano chez Air Calédonie pour une période de six mois.
Avril 1999,
Début de ma nouvelle carrière aéronautique. On reprend quasiment tout à zéro, on met sa fierté dans la poche avec le mouchoir par dessus, on distille son savoir-faire à petites doses. Très vite ils s’aperçoivent que l’arpète en connait un rayon, et je gravis les différents postes facilement.
Bénéficiant de la loi du grand-père, moyennant les nombreux stages de qualification et de mise à niveau, j’ai le plaisir de travailler sur une variété de machines : avions d’aéroclub, hydravion, Britten Norman, Cessna 406, Beech B90, B200, B300 B350, Dornier DO228, ATR42-320, ATR42-500, ATR72-500, ATR72-600.
Stage chez QUANTAS à Sydney, chez BEECHCRAFT à Wichita, nombreux chantiers à Singapour, à Christchurch, à Nelson ponctués de convoyages au cours desquels je retrouvais un peu l’ambiance des vols en Transall.
Le premier convoyage, je l’ai fais en ramenant un ATR42 sur Toulouse. A l’arrivée, mon chef qui était présent là-bas, me charge de m’occuper de finaliser la vente de l’avion ! Un arpète ne reculant pas devant grand chose, je l’ai fait et même plutôt bien. J’ai appris rapidement à me transformer en marchand de tapis, ça a payé.
Le dernier gros chantier que j’ai fait, a été celui d’un ATR72-600, que j’ai réceptionné à Toulouse (peinture, inspection, vols d’essais, préparation du convoyage etc.). Sur le voyage retour, petit pincement au cœur quand nous avons posé nos roues à Héraklion, où 32 ans auparavant, je posais pour la première fois les roues de notre gros nounours Transall.
La boucle était quasiment bouclée après un arrêt à Mascate, à Singapour, à Bali, à Darwin, à Cairns, puis le final sur notre beau « caillou » fin de mes 44 ans d’aéronautique.
Depuis, les journées sont bien remplies entre les travaux sur la maison, le jardin, la construction, mise au point, les vols de mes avions, planeurs et autres modèles, et un peu d’astronomie (le ciel de l’hémisphère sud est fabuleux). Ce qui me manque le plus, c’est de ne pas voir aussi souvent que je le désire mes enfants et mes petits enfants. La petite compensation à cela, est que les retrouvailles sont intenses.
Tout cela grâce aux deux années à Paban qui nous ont si bien armés pour la vie.
Quand je vois la variété et la richesse des parcours des P69 (tout au moins ceux que j’ai pu lire), je puis dire que nous avons été très bien préparé pour la vie, et que je suis très fier de faire partie de cette sacrée « bande ».
Pardon de vous avoir fait subir la lecture de mon très long « roman », mais c’est avec grand plaisir que je l’ai fait.
Longue et belle vie à vous tous mes copains P69 ainsi qu’à vos proches.
Arpète un jour, arpète toujours!
Jean-Bernard SARRAMONNE classe 9
Note du Webmaster : Lors de notre rassemblement à Saintes, Jean-Bernard m’a donné son parcours et plusieurs photos pour agrémenter l’article. N’ayant pu insérer toutes les photos, je vous les partage ci-dessous.