Arpètes de la P69

P69 un jour, P69 toujours

Parcours de Michel BOITEUX cl 2

30 novembre 2022

Je suis né en détachement outre-mer aux Antilles en octobre 56, d’un père militaire, d’un grand-père gendarme et avec 3 oncles paternels également militaires dans l’Air, la Marine et la Terre.

Autant dire que ma vie professionnelle allait s’orienter vers le métier des Armes.

En 1971, mon père m’inscrit aux 3 concours (terre, air, mer). Par chance, je commence par les Arpètes et je suis reçu dans les premiers en ayant droit à un entrefilet dans la Nouvelle République du Centre Ouest, probablement pour attirer d’autres vocations. Je rejoins mes futurs camarades au sein de la 69ème promotion.

Bien malin, celui qui aurait pensé que nous avions dans notre classe un écrivain en la personne du « curé », surnom donné à notre ami LEPRÊTRE. Merci à toi Serge d’avoir si bien raconté nos deux ans passés ensemble, il y a 50 ans.

Mon plus gros travail à PABAN fut de ne pas être réformé pour trop petite taille et trop petit poids… Il fallait grossir et grandir impérativement et j’ai eu droit à un régime de faveur au service morfal.  Au final, je n’ai pas trop grossi mais beaucoup grandi. J’ai collectionné en grand nombre les points négatifs distribués généreusement par le Lucky Luke de la punition, j’ai nommé JARDEL !!

A l’issue des deux années, la P69 s’est éparpillée façon « puzzle » vers les différentes « spé » à ROCHEFORT. Je me suis retrouvé « TELEC RADAR SOL » à mon corps défendant, moi qui ne rêvais que de mécanique avion. Dans ma spécialité, le major de promo fut PREVOSTAT et notre cul de promo DALLE-PALLE, un passionné de parachutisme mais pas de RADAR ! Le premier de cordée a choisi MONT DE MARSAN, espérant le CEAM, mais a atterri au service photo, un comble pour ce fou d’électronique. Quant à moi j’ai rejoint avec Yves JOUIN classe 4, le CDC du MONT AGEL. Du 10 janvier 1975 à octobre 1982, j’ai vécu de très belles années sur la Côte d’Azur. Mais les beaux jours ont une fin et j’ai poursuivi dans l’Est et le froid en Alsace au CDC « bunkerisé » de DRACHENBRON, un ouvrage majeur de la ligne Maginot. J’avais mangé mon pain blanc à Nice « sous le soleil exactement » et je rongeais mon pain noir au fond des souterrains humides du HOCHWALD jusqu’en 1987.

Je quittais enfin cet univers d’hommes des cavernes (pour ne plus y revenir) grâce à une campagne de prospection pour rejoindre l’équipe de marque STRIDA à MDM. La S3 en poche, j’attendais le tableau d’adjudant-chef pour partir au cadre de maîtrise.

Me voyant un peu désœuvré, le commandement me confia quelques vieux chibanes pour les préparer au concours Major. À titre d’entraînement j’ai passé le concours ORSA mécano en 1989. Reçu du premier coup, j’ai dit adieu au cursus Major et Rang si affinités… une erreur selon certains.

La suite s’est avérée au contraire extraordinaire dans tous les sens du terme. Je commençais pourtant une carrière d’officier « bouche-trou » avec le risque de non renouvellement de contrat. A l’amphi, j’ai reçu une affectation pour le moins insolite et méconnue de la plupart de mes camarades : une participation AIR dans un organisme de recherche au CNET à ISSY LES   MOULINEAUX. Arrivé à la direction parisienne en 1990, un général DGA me confia aux bons soins de sa secrétaire qui m’annonça que mon futur travail se situait dans les COTES d’ARMOR, à LANNION, berceau de la recherche télécom française. Je pouvais encore refuser et aller m’enterrer au centre radio d’ETAMPES. Trop content de quitter ce régime militaire qui avait été le mien depuis toujours, j’acceptais de partir en BRETAGNE. Sur place, j’ai découvert un monde de savants, de chercheurs, de BAC + 15, loin très loin de mon univers de travail habituel. Les géophysiciens étaient des passionnés de recherche fondamentale et très éloignés des préoccupations matérielles. Ma mission a été d’assurer, pour mener à bien ces recherches, la mise en route d’un radar transhorizon sur la toute petite île LOSQUET au large de TREGASTEL, un petit paradis pour les goélands et les sternes de passage. J’ai donc réalisé un nombre incroyable de rotations en hélico et en bateau, pour satisfaire aux exigences de maintenance en milieu marin et un nombre aussi incroyable de mesures ionosphériques ayant permis des publications dans des revues scientifiques prestigieuses. J’avais aussi la responsabilité des scientifiques du contingent des 3 armées, affectés dans les différents laboratoires de recherche lannionnais. J’ai compris que cette belle aventure ne pourrait pas se terminer sans y perdre quelques plumes. J’ai plusieurs fois demandé à revenir dans les forces opérationnelles mais j’ai dû attendre fin 96 pour réintégrer une voie militaire qui me correspondait.

Adieu le CNET et bonjour la DGA pour un poste qui d’habitude est réservé à nos brillants DIRECT pour se dégager du temps pour la préparation à l’ESGA. Me voilà une nouvelle fois affecté dans des sphères inconnues de décisions stratégiques auxquelles aucun de mes précédents postes ne m’avaient préparé.  Ma mission si je l’acceptais était de terminer la mise en place d’un programme de télécom de l’armée de terre -un comble- pour lancer dans la foulée un programme interarmées appelé SOCRATE. Inexpérimenté à bien des égards au départ, j’ai été envoyé rapidement en formation sur les marchés publics. De retour de stage, un univers de « gros sous » s’ouvrait à moi avec des budgets faramineux en centaines de MF puis de MEUROS… Tous ceux qui utilisent les TELECOM de Défense sont venus me voir à la DGA. J’ai rencontré beaucoup de monde allant des Industriels de l’Armement aux décideurs du Ministère de la Défense. J’y suis resté 3 ans.

Mais l’arpète n’avait pas dit son dernier mot. En septembre 1999, c’est un capitaine grisonnant qui obtenait une affectation interarmées au centre ZONAL de gestion SOCRATE à la caserne XAINTRAILLES de BORDEAUX. Durant cette période, j’ai fait plusieurs tentatives de retour dans l’armée de l’AIR mais mon parcours franchement atypique m’avait sorti des « radars » des RH depuis longtemps. En 2004, un général de l’armée de l’Air me convoquait à PARIS et pour me récompenser du travail accompli à BORDEAUX, me propulsait comme chef du premier CMO à MAISONS-LAFFITTE. Merci mon général !!  Trois ans dans cet endroit hautement stratégique ne m’ont pas permis d’être intégré parmi les officiers de carrière. J’ai donc demandé une dernière affectation à la caserne de XAINTRAILLES à BORDEAUX où j’ai pris ma retraite en 2010 à 54 ans.

Notre capacité d’adaptation, notre sens pratique et notre volonté de bien faire, les 3 principales qualités des arpètes, m’ont permis de surmonter tout au long de ma carrière toutes ces situations aussi variées et parfois complexes qui ont jalonnées mon parcours professionnel.

Vive les Arpètes de la P69