Ressenti de Patrick SACHOT cl 3 après notre rassemblement des 50 ans
Ressenti de Gérard BRISTEAU cl 4 après notre rassemblement des 50 ans
Ressenti de Jean-Bernard SARRAMONE cl 9 après notre rassemblement des 50 ans
Ressenti de Gilles BROWARSKI cl 9 après notre rassemblement des 50 ans
Ressenti de Dominique RIEUX cl 6 après notre rassemblement des 50 ans
Henri BUNEL (Cl 9)
D’abord le temps passe vite. Arrivée à Saintes, puis départ de mon père qui m’avait amené. Découverte du T6, chambre, premiers camarades, premiers déplacements encadrés par les anciens pour le circuit arrivée puis habillement, coiffeur, mess élèves …. Nouvel univers où je vais passer 2 ans .Découverte d’une autre vie et devenir un homme car dernier de 3 enfants j’étais couvé par mes parents et immature. Je ne regarde pas en arrière et ne vis pas avec les regrets mais 45 ans après je suis sûr d’avoir fait le bon choix .
Christian BARON (Cl 5)
Tu es sûr de ne pas te tromper…….45 ans …c’était hier……
Jean-Luc GUITTON (Cl 6)
J’étais là pour vous accueillir car je venais de passer de la p67 à la p69 pour raisons de santé. Je ne regrette pas cette promo car on a bossé on s’est amusé et on était tous solidaires. Après les séparations dues aux affectations, j’ai trouvé super de se retrouver lors des rassemblements. J’ai accueilli chez moi des Cl6 de ma chambre et même si quelques-uns sont partis ils sont toujours dans notre cœur. Longue vie à la P69 .
Pierre ALEXANDRE (Cl 3)
Une image, celle de mon père repartant après m’avoir amené et l’accueil sur le perron du T6 par le S/C Desrentes en tenue droite.
Hervé MARIANNI (Cl 9) (et 10 initialement !)
10 janvier 1972. Pour moi c’était la liberté, l’indépendance et l’autonomie financière. Je ne me suis jamais senti enfermé, c’est ma vie d’adulte qui commençait. Depuis des liens se sont créés et durent encore alors … Vive la P69.
Jean-Louis BROSSARD (Cl 2)
Eh oui déjà 45 ans. Je n’ai pas l’impression que ça soit aussi loin sauf peut-être en se regardant dans la glace le matin après avoir regardé les photos sur le site de la promo !!!! Portez-vous bien et au plaisir de se revoir .
Pascal ALLARD (Cl 5)
« Dès que mon esprit ouvre la petite case du 10 janvier 1972, j’ai l’impression d’avoir 15 ans et je vois encore le visage de mes parents qui m’avait emmené jusqu’à Saintes pour me laisser dans cet étrange environnement.
Ma mère avait l’air d’être fière et mon père était tout ému, le regard quelque peu embué. De mon côté j’étais heureux et fier, mais je me demandais ce que j’allais y faire et ce qu’on allait me faire. Aujourd’hui je suis rassuré ».
Yves AMIAUD (Cl 7)
Oui, déjà 45 ans trop vite passés, en ce début d’année j’ai l’impression que j’ai encore 16 ans. Et pourtant ces années je les ai vécues. Les deux années passées à Saintes m’ont permis de devenir un adulte responsable aux contacts de tous les copains venus d’horizons différents, quelle richesse !! Certains sont devenus des amis pour la vie. Les ennuis de santé m’ont épargné. J’ai pu travailler jusqu’à mes 60 ans dans le domaine que j’avais espéré choisir à la sortie de Saintes, la mécanique avion. La vie m’a offert trois garçons formidables qui me donnent beaucoup de satisfaction et deux petits enfants adorables. Que demander de plus, malgré les hauts et les bas je suis un privilégié. Je pense que c’est ça pour moi le bonheur. N’est-ce pas ce à quoi tout être humain aspire. Voici la version simplifiée des sentiments que j’éprouve après ces 45 ans passés depuis notre entrée à Paban City. Bien amicalement à toi Jacky, encore merci pour ce que tu fais pour nous tous.
JC C. Mécano Nav (Cl 8)
PFFFUI !!!… 45 ans
45 ans et des images, des pages de vie qui ne s’effacent pas.
10 janvier 1972 et quelques 300 (et quelques jambes en plus) ados en mal de devenir.
Nous étions tous d’horizons et d’univers (familial et autres) différents et pourtant nous allions former et appartenir à cette grande famille « P69 ».
A qui ne l’a pas vécu, la perception de ce qui nous unit n’est pas perceptible et encore moins compréhensible. Nous ne sommes pas nés, ni de, ni dans la douleur, nous avons éclos dans nos classes, dans nos chambrées respectives et tout ça chaque midi quand nous rassemblions en « U » devant le bâtiment, tout ça donnait « une promo », une famille.
Aujourd’hui à chacun ses souvenirs, à chacun son bilan, chacun a construit son devenir mais au fond de nous est resté à jamais « l’ado arpète P69 »,
Et puis il y a eu l’amphi même si quelques uns nous avaient déjà quitté.et après l’amphi ce fut le départ pour une autre vie mais déjà était implanté en nous le gêne P69.
L’horizon est vaste et nos routes l’ont été tout autant et pourtant le maillage existe et perdure grâce à un petit nombre d’entre nous qui s’activent à ce que se perpétue ce qui ne doit pas et ne peut pas mourir la « P69 ».
Il y a 45 ans nous sentions, nous savions déjà que la vie ne serait pas un long fleuve tranquille, au fil des ans nos rangs se sont clairsemés et à chaque départ pour là d’où on ne revient pas, rejaillit à chaque fois cette indistincte émotion qui nous étreint, cette part de nous qui s’en va aussi.
45 ans c’est parfois plus qu’une vie, c’est parfois la nostalgie du « has been », c’est aussi la tristesse du constat de notre jeunesse et de notre fougue d’hier.
Avec 45 ans de plus on ne devient pas forcément plus sage, ni moins fougueux. Que ce soient nos amours, nos passions, nos idées, nos engagements, tout est empreint de notre histoire et de nos deux années passées à Saintes et au fond de nous demeure notre capacité à vaincre l’adversité sous quelques formes qu’elle se présente.
Puisque l’exercice proposé est une forme d’introspection, j’abandonnerai là le « nous » pour le « je ».
Quand je pense au chemin parcouru, Je ne peux pas le dissocier d’une date imprescriptible « 10 janvier 1972 » et cette date me ramène au « nous » de la chambre 34, au nous de la classe 8, au nous de la promo P 69.
« J’ai quelque part en moi de la mélancolie, reste de sang barbare et de vin d’Italie… » (certains auront sûrement reconnu M. SARDOU), mais aujourd’hui et sûrement encore demain je garde le regret de ce que je n’ai pas connu et la nostalgie de ce que j’ai connu et ces paroles me parlent plus qu’un livre.
Difficile exercice que celui d’être et d’avoir été, ce qui a été fait ne peut pas être défait et encore moins refait, ce qui se vit aujourd’hui et le fruit de ce qui a été planté il y a 45 ans.
Alors le ressenti est à la fois douleur, tristesse, sourire béat et au final fatalisme. Tout cela donne un cocktail d’où aucune rancœur ne vient m’enlever cette part d’appartenance, cette fierté d’avoir chanté
« … Marchons arpètes
Chantons en chœur
Tous vers le chemin du bonheur… »
Voilà mon ressenti est fait de chansons qui parlent mieux que moi de mon humeur du moment.
A vous tous que j’étreins fraternellement, je voulais vous dire que je n’ai rien oublié de ce que j’ai été, de ce que j’ai vécu et où je l’ai vécu.
P69 je le serai toujours…
Alain BOTTIANI (Cl 6)
Je viens de prendre connaissance de ton message, je pense que la motivation est toujours présente mais que les aléas de la vie nous prennent malheureusement de cours ; à plusieurs reprises j’ai voulu répondre, et à chaque fois je me laissais emporter par le flot de choses à faire et par mon job de formateur, ce n’est pas une excuse mais un constat.
Pour répondre : le bilan
J’ai appris, et j’ai vécu au sein de notre promo durant deux ans, ce que j’en retiens, c’est une camaraderie et une cohésion au sein de chaque chambre par rapport à sa classe.
Mais aussi une entraide de chaque chambre au sein de sa classe voir d’un même couloir (ne serait-ce que par le remplacement d’un des nôtres qui n’était pas présent à l’appel).
Une cohésion de la promo face aux autres (rappelons cette fameuse nuit de la chanson de promo)…
C’était également l’entraide entre camarades de classe le soir à l’étude, les paris, parfois un peu stupides.
Le départ de l’un de nos copains qui est parti en se jetant dans la Charente.
Je retiens ces grandes discussions avec notre aumônier et l’escamotage de nos fringues civils, évidemment tous les cadres connaissaient la combine, mais la loi : pas vu pas pris faisait acte.
Je garde le souvenir de nos éducateurs, des sorties voile, récollection à Royan, de nos cartes à points, des corvées de jardinage, de l’intoxication de notre poisson rouge au Ricard, de nos marches et de nos séances de tir.
Pour ma part comme de quelques-uns, le défilé à Paris avec la P 68 et un retour peu glorieux entre deux caporaux de la Légion qui me prenaient pour un caporal-chef ; entre ces deux légionnaires de Paris-est à Nancy, je n’ai pas vu grand-chose.
C’était la Zibe (bon enfant) les clopes que l’on fumait dans les chambres.
Ces deux années nous ont appris la débrouille, nous ont montré que rien n’était vraiment impossible, à un Arpète digne de ce nom.
Nous étions, et nous le sommes toujours je pense, fier de notre N° de promo : la P 69.
Je pense sincèrement que cet esprit rebelle tant vanté par nos éducs nous nous le sommes approprié, mais cet esprit de camaraderie aussi, pour preuve le nombre de participants à chaque réunion, et je fais mon introspection, puisque non présent sur les deux premiers rassemblements, mais fidèle aux autres.
Cette fratrie, ne laissait jamais un frère sur le bord de la route, nous faisions tout pour les garder (service pension où l’on gavait les plus faibles), les redoublants que l’on intégrait dans nos classes, nos redoublants que l’on perdait comme un déchirement et nous trouvions cela parfois indigne, alors que c’était une seconde chance.
Mais il y a eu les anciens qui nous ont accueillis (n’est-ce pas Jean Luc Classe 6, dont la promo de base était la P67 si mes souvenirs ne me trahissent pas), pour ceux qui ne mettent pas un visage, Jean Luc portait la grosse caisse dans la Fanfare et rythmait les « AN- DE » lors de nos défilés et de nos entrainements sur LA piste.
En parlant de piste, que de souvenirs me reviennent de ces nuits de gardes au camp sud et du Commandant DELIOT, et son épisode une certaine nuit avec la 4 L (Jean Luc doit s’en souvenir).
« Halte-là ! Qui va là ? » On n’avait pas l’air con avec notre matraque et notre lampe torche…
Ce même commandant qui nous faisait la démonstration qu’un Arpète avait plus d’argent que lui à la fin du mois car il fallait qu’il règle les notes de frais de sa femme, de l’école privé des enfants, ses impôts, sa voiture, bref le tout venant de la vie qui s’ouvrait devant nous ; avec le recul lorsque je raconte cet anecdote à mes classes d’apprentis ils se tordent de rire ; mais surtout ils me demandent comment on faisait pour vivre sans portable ?
Je leur disais par exemple que lors des vaccinations (TABDT) alors que nous étions confinés dans nos chambres, certains faisaient des matchs de foot ou de rugby et que nous bravions les interdits par inconscience et insouciance, nous avions d’autres passetemps,
Cet état d’esprit je l’ai croisé lors de ma première affection au 3/11 corse à TOUL, mais jamais il n’a atteint le degré de notre promo, et jamais je n’ai retrouvé cette cohésion dans le civil.
Nous faisions corps, nous ne faisions qu’un.
Je me souviens à titre personnel de mes parents, ma mère fière de voir son fils entrer dans ce corps de métier et mon père plus anxieux de me voir partir si jeune à l’aventure (bien qu’ayant derrière moi déjà 5 ans d’internat).
Nous avions l’insouciance et l’inconscience de nos 15/16 ans, la vie nous appartenait et nous étions invincibles car solidaires.
JE SUIS FIER DE MA PROMO, JE SUIS HONORÉ D’AVOIR PU PARTICIPER A CETTE GRANDE AVENTURE DE LA P 69. MERCI A VOUS TOUS.
MERCI POUR NOS CAMARADES QUI ANIMENT ET ORGANISENT CES RETROUVAILLES, MERCI A CETTE ÉQUIPE DE VIEUX BRISCARDS.
Je vais cesser mes écrits, non pas que la nostalgie me prenne, mais je vais laisser le soin à mes camarades de poursuivre le récit de leur aventure et souvenir.
Philippe BERVILLER (Cl6) (et 10 initialement !)
Milieu d’année 1971, j’étais en 3ème et je me demandais bien ce que j’allais faire.
En effet, il faut dire que mes parents et moi, étions en total désaccord sur mon avenir professionnel (et sur mon avenir général en leur compagnie !).
La venue de militaires de l’Armée de l’Air dans mon collège, nous montrant de belles diapositives de gars travaillant sur des avions m’a aussitôt ouvert les yeux “ c’est ça qu’il faut que je fasse”. Mais avant cela, il y avait un concours à passer et à réussir…
Bref, une fois n’est pas coutume, j’ai un peu plus bossé que d’habitude pour l’avoir ce concours. Et je l’ai eu (vous vous en doutez bien !) et même pas trop mal puisque j’étais arrivé 10ème (je l’ai appris plus tard, tout comme ce qui en découlait : mon affectation à la classe 10).
Me voici donc le 10 janvier 1972, arrivant de Metz après un très long voyage et débarquant seul à Saintes avec mes 15 ans 14 jours (je suis né fin 1956), mon air “minot” (la puberté n’était pas encore passée par là !) et mes 43 kg tout mouillé. Je vous parle de mon poids de l’époque (aujourd’hui j’en fais le double et même un peu plus !) car je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il fallait faire 45 kg au minimum pour ne pas être réformé. J’avais un peu peur de cela et de mes premières pesées à l’infirmerie car je me voyais mal retourner chez mes parents après 3 mois de “séparation” …
En tout cas, je ne sais pas si ce sont mes bons résultats au concours, l’appui de mon 1er éducateur l’A/C SABATIER ou les bons soins du service “pension” qui m’ont un peu emplumé mais j’ai pu continuer à Saintes après une “mutation” dans la classe 6, au bout de 3 mois de présence.
Mon destin et tout ce qui en a découlé par la suite, s’est peut-être joué à un avis favorable malgré 2 kg manquants …
Pour conclure, Saintes a été pour moi très formateur et j’y ai passé comme tous, des moments durs mais aussi des moments privilégiés entre camarades. On peut toujours avoir des regrets sur des choses que l’on aurait dues faire et que l’on n’a pas faites, mais aussi avoir une certaine fierté pour les choses accomplies et l’EETAA en est une.
Et l’important, c’est d’avoir toujours 15 ans dans sa tête !!!
Jean-Paul LEUBA (Cl 1)
En effet, 10 janvier 2017, 45 ans déjà et dans mon esprit c’était hier, je me vois arriver à la gare de Saintes le matin, mal réveillé d’une nuit dans le train qui à l’époque était moins confortable qu’à présent, puis cette noria de bus verts qui semblait ne pas finir, puis tout s’est enchainer, le fourrier, le coiffeur, la solde etc… Je n’étais pas surpris par la vie de casernement car j’avais été habitué à l’internat depuis le primaire. Mon impression, c’est qu’on se sentais décidé ,prêt à montrer notre détermination, à prouver que nous étions conscients que l’uniforme qu’on nous avait donné représentait une grande famille, mais aussi des devoirs. Notre assurance et nos certitudes ont bien entendu été quelques peu élimées par les années et les aléas de carrières parfois mouvementées, mais pour ma part je garde en tête d’innombrables bons souvenirs de mon passage à Saintes et de ce que j’y ai appris. Sur le plan humain. Nous étions invincibles, d’ailleurs même les anglais que nous avions affrontés dans une joute sportive, aux premiers cycles, ne nous avaient pas fait reculer.
Avec le recul, après plus de vingt ans de vie civile, je pense que nous avons vécu nos meilleures années étant militaires, pas seulement pour la passion d’un métier absorbant, mais pour les amitiés liées au fil des mutations, pour les voyages, pour cette jeunesse d’esprit permanente du personnel.
Je n’ai jamais retrouvé dans la vie civile professionnelle, cette même passion, cette même jeunesse d’esprit, ces mêmes amitiés.
Bien sûr aujourd’hui tirant les bénéfices de retraites bien méritées, nous menons une vie plus paisible, parfois plus isolée mais la tête pleine de souvenirs de quoi faire encore rêver un peu les petits enfants.
45 ans, ce chiffre à lui seul nous aurait donné le tournis quand à 15 ans nous avons présenté nos premiers hommages à Rosalie. Elle aussi s’en est allée…
D’autres promos comme la nôtre nous ont succédées, mais il n’en reste pas moins que de toutes la p69 était la meilleure, et si je salue nos successeurs, c’est que je sais que la grande famille des arpètes n’est pas prête de s’éteindre.
Jean-Claude DESSERT (Cl 3) (et 10 initialement !)
45 ans déjà !!!…Que d’eau qui a coulée depuis ce 10 janvier 1972, quelle journée ce fut d’étonnement, de changement, de réflexion…
Puis 2 années passées ultra vite avec ses moments de joie, de convivialité mais aussi de tristesse parfois. Deux années qui ont changé ma vie et que je ne regrette pas du tout. Deux années pleines de souvenirs et d’amitié qui m’ont appris ce qu’est la solidarité, la sincérité et l’entraide. Puis 17 années sur base pour forger une vie solide (travail, voyages, amitié, famille) avec un métier que j’aimais et où j’ai rencontré d’autres personnes qui, comme nous, croient en ces valeurs.18 ans 1/2 d’Armée de l’Air inoubliables, ancrées à jamais tout au fond de moi et où j’ai connu mes meilleurs amis. Puis la vie civile où l’ambiance est loin d’être la même mais que je ne regrette pas non plus car il ne faut jamais regretter les décisions que nous prenons à certains moments et qui changent parfois le cours de notre vie. C’est là que l’on voit que « l’arpète » sait s’adapter. Heureusement il y a nos rassemblements de promo que je ne manquerai pour rien au monde et qui nous permettent non seulement d’avoir de grands moments d’amitiés et d’émotions mais aussi de constater que l’Armée de l’Air est une grande famille qui mène à tous les horizons avec des tas de métier différents où chacun a pu trouver son compte sans pour autant oublier ses origines. Je suis maintenant en retraite et quand je regarde derrière moi je me dis quand même que j’ai bien vécu, que j’ai trois beaux enfants avec chacun un métier et que certainement beaucoup d’autres n’ont pas eu une vie aussi trépidante et variée que la mienne. J’espère que l’on me prêtera encore quelques belles années pour profiter à temps plein de ma famille, de mes amis et de vivre encore de beaux et grands moments de bonheur.
Serge LEPRÊTRE (Cl 2)
Il fallut attendre longtemps, très longtemps pour qu’apparaisse la vie, puis il y a cent mille ans, les tous premiers humanoïdes. D’innombrables siècles se succédèrent encore, et puis un beau jour, le 10 janvier 1972 de notre ère, vit la création de la promotion 72A, soixante neuvième depuis la création de l’école d’enseignement technique de l’Armée de l’Air. Pour ce qui me concerne, c’était le début de la liberté.
Au cours de ma classe de 3ème, au collège de mon quartier de Rennes, nous eûmes la visite d’une équipe de sous-officiers du bureau d’information air. Je les ai vus entrer avec leur matériel de projection et leurs classeurs. Leur conférence fut une véritable révélation. La première chose qui a fait naitre l’idée que je me verrai bien intégrer l’armée de l’air, était…la belle tenue de sortie, et surtout les galons dorés du sergent. J’étais sous le charme. Pour une fois, je ne manquais pas une miette des explications, et déjà, j’échafaudais un plan pour m’échapper de la prison familiale, grâce à des conditions, qui verraient, sans le moindre doute, l’approbation de mes parents. Etudes gratuites, nourri, logé, blanchi… Je n’avais plus qu’à présenter le dossier d’inscription au concours et le tour était joué. Pour une fois je ne fus accueilli avec respect et bienveillance. Ma mère, responsable administratif de la famille se hâta de retourner le dossier dûment complété, trop contente à l’idée de se débarrasser de moi, après de longs sacrifices, comme elle se plaisait à le dire aux quelques visiteurs, qui franchissait le seuil de l’appartement. Les cours, au collège, s’égrenaient lentement, bien trop lentement. Mes résultats étaient conformes au peu de travail que je produisais, plongé la plupart du temps dans mes rêves d’adolescent, au fond de la classe. Entre temps, nouvelle tentative d’évasion, j’avais évoqué mon envie d’intégrer une école hôtelière à Granville. Lorsque nous reçûmes le dossier, je fus « convoqué » pour prendre connaissance du refus d’agrément de mes parents, compte tenu du prix de la scolarité, du montant des achats de livre, de tenues professionnelles et autre à effectuer. Il ne me restait plus qu’une seule possibilité, pour fuir, réussir le concours des Arpètes. Ce fut chose faite, et je constatais l’air dubitatif de mes parents lorsque mon nom apparut sur la liste des lauréats. La même année, je leur réservais une autre surprise de taille. Parmi tous les élèves de ma classe, je fus un des six qui obtinrent le brevet sans passer par les épreuves du rattrapage. Il se passa alors un évènement inoubliable, je fus autorisé à rejoindre mes copains de classe pour fêter, au pied du panneau d’affichage, cette réussite inespérée, qui, il faut bien l’avouer m’étonnais moi-même.
Puis il y eu les trois jours, avant de recevoir la convocation officielle pour le lundi 10 janvier 1972 avant 16 heures. Le grand jour arrivé, toute la famille embarqua dans la R12 pour le plus long voyage jamais réalisé, de Rennes à Saintes. Je me retrouvais au poste de police, comme un con, avec ma valise quasiment vide. Les adieux furent brefs. Mes sœurs pleuraient dans la voiture. Je passai la barrière de la BA 722. Une nouvelle vie commençait. Accompagné jusqu’au T6 par un cadre de service, je fus dirigé vers la chambre 14. Ce que je vis restera gravé pour toujours dans ma mémoire. En tenue, treillis avec ceinturon et brodequins aux pieds, Pascal Decker, de Metz, premier arrivé, était allongé, sur le lit du fond, à gauche, au plus près du radiateur, dans une position qui ferait référence par la suite, les pieds dépassant la barre métallique du bas de lit, la tête posée sur le polochon, plié en deux. Mon entrée dans la chambre ne sembla pas le troubler. Les yeux ouverts, il semblait ailleurs. Après avoir choisi mon emplacement, et déposé ma valise, je reçu les instructions pour rejoindre, à mon tour, le magasin d’habillement. Le lendemain matin, après le petit déjeuner, d’une qualité douteuse, les repas suivants, vous vous en souvenez sûrement n’étaient de premier choix, le circuit « arrivée » pouvait commencer. En premier lieu, la séance chez le coiffeur, où deux appelés un peu sadiques, se faisaient un plaisir de raser les crânes. Pour certain, c’était un crève-cœur. Pour moi j’étais habitué aux cheveux courts. Paradoxalement ce fut durant mon séjour à Saintes que je pus cacher une chevelure abondante, savamment cachée sous mon calot. Ce jour-là, pendant que le merlan affinait ma coupe, j’ai assisté, en direct, à la démission d’un élève, après la chute de ses longs cheveux. Puis arriva l’heure de la séance photo, et la suite vous la connaissez…
A l’heure où j’écris ces quelques lignes, je suis encore plongé dans des préoccupations professionnelles. Artisan dans le domaine de l’entretien et l’aménagement de l’habitat depuis plus de quinze années, mes journées sont occupées à assurer les chantiers que j’ai obtenus après prospection, ou par le bouche à oreille. Chantiers, devis, factures, visites chez les clients, telles sont mes occupations quotidiennes. Cette expérience à Saintes, m’a sauvée de l’emprise et des griffes de mes parents, qui ne me laissaient jamais tranquille. Chaque matin, pendant les vacances, une liste de travaux ménager, m’attendaient sur la table de la cuisine. Et tout devait être fait. Les weekends, à la campagne, c’étaient encore pire. Je n’avais pas une seconde tranquille. Je n’avais pas le droit de rentrer dans la maison pour me réchauffer près de la cheminée, pour ne pas salir le lino… A la belle saison, sarclage du jardin et autres tâches ne me laissait pas plus de répit, pour m’évader avec mon vieux vélo, pour rejoindre les bords de la rivière, toute proche, où j’étais si heureux. Depuis les années ont passé si vite. Comme beaucoup, quelques déboires sentimentaux sont venus ternir une vie parfaitement réglée. Il y a eu aussi cette décision, en 1997, du président Chirac de réduire le format des armées, avec tout le remue-ménage de mutations «préférentielles» qui s’en est suivi, et le départ «volontaire» de sept mille cinq cent sous-officiers. Affecté à Salon de Provence depuis 1985, je me vis proposer une mutation pour… Drachenbraun. De la plage à l’igloo. Ce fut le signal qu’il était temps de partir, et de démarrer une nouvelle vie.
Depuis tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. J’ai une épouse adorable, quatre enfants, sérieux, travailleurs, pas comme leur père… Et en plus ils font les études de leur choix. Pour beaucoup d’entre vous, l’heure de la retraite a sonné. Pour ma part il faudra encore attendre un peu, et je ne m’en plains pas. Je ne suis pas si pressé que cela, car c’est encore un nouveau palier à franchir. Il faudra trouver de nouvelles occupations, essayer de ralentir le temps. Je pourrai enfin m’adonner à mon sport extrême favori, la pêche à la ligne en eau calme. Cette discipline n’est toutefois pas sans inconvénients, car empruntant les mots d’un écrivain, vous devez savoir que : «le temps passé à la pêche à ligne sera décompté du temps passé au paradis».
Depuis cette fameuse année 1972, quarante-cinq années se sont écoulées, soit cent quatre-vingt saisons. L’humanité s’est encore développée, la planète a été encore un peu plus pillée, le nombre d’Arpètes a augmenté, même si il y a eu, certaines années, du flottement, et une incertitude quant à l’avenir de notre école. Je vous souhaite à tous santé et bonheur.
Je termine, en remerciant Jacky, Alain et les autres, de nous offrir ce cadeau inestimable, d’œuvrer chaque jour, pour maintenir le lien, qui, quoi qu’il arrive, et des aléas de l’existence, ne pourront jamais se rompre. Même les absents sont encore avec nous.
Mille Merci les Amis